
La sécularisation des sociétés occidentales, fruit d’un processus social qui repoussera la sphère religieuse jusqu’aux confins de l’existence privée, de l’individu, a limité l’expression d’une certaine religiosité dans l’espace commun. Nul doute que notre monde laïcisé s’est constitué sur le rejet de la transcendance d’un ordre religieux dans ses institutions, au profit d’un rapport au monde basé sur l’individu. Parallèlement, l’instigation des valeurs humanistes, des droits de l’homme et de l’égalité en réels systèmes régissant l’organisation sociale ainsi que l’échec des grandes idéologies politiques ont confiné le domaine de la croyance à un réceptacle miniaturisé. Cette conjoncture a permis à l’art contemporain d’investir le domaine de la religiosité et du sacré, d’une manière jusqu’alors inconnue de la sphère artistique. L’art, dans un contexte où les dieux du passé ont disparu, a réussi à «fonder une démarche artistique sur le sacré[1]». Parce que si la société moderne s’est séparée de son assujettissement par la religion, elle «ne s’est pas libérée d’un besoin de religiosité ni d’une conception transcendantale de l’art[2]». La sacralisation de l’art contemporain est accompagnée d’une multitude de caractéristiques propres au domaine de la religion, dont notamment, les reliques. Comment est-il possible d’interpréter cette réminiscence des reliques en art, dernière apologie des incidences d’une sacralité propre à l’esthétique de l’art contemporain? Bref, de quelle manière ce retournement esthétique s’est-il opéré?